2 Février 2007
Vous connaissez peut être Paolo Coehlo et son Alchimist. Aux premiers abords, il peut sembler que ce roman soit de la même veine. Mais en fait nous sommes à 1000 lieux de la niaiserie de se pseudo conte philosophique. Vous semblez percevoir une légère pointe de mépris vis-à-vis de ce roman tant acclamé par une horde de lecteurs qui m’ont incité, à l’époque, à lire cette référence de pseudo grande littérature de Coelho.
Enfin bref le sujet et le livre de Régis de Sà Moreira. La journée d’un libraire qui n’a que les livres et sa librairie dans sa vie. Un libraire qui ne vend que des livres qu’il a lu. Un homme seul qui n’a rien d’autre que la lecture pour se nourrir. Une vie rythmée par les « poudoupoudoupoudou » de la porte qui accompagne les allés et venues des clients. Un roman poétique, fantastique, philosophique servit avec simplicité par ce Franco-Brésilien.
« En redescendant son escalier, une tasse de tisane à la main, le libraire aperçut la question.
Elle venait de se faufiler sous la porte sans déclencher le poudoupoudoupoudou et elle cherchait le libraire dans la librairie.
La question entrait de temps en temps et toujours sans prévenir.
Le libraire s’immobilisa sur l’avant dernière marche de l’escalier, sa main crispée autour de sa tasse, et ne fit plus aucun bruit.
La question fit le tour des étagères, renifla, longea les livres.
Elle fouilla le bureau du libraire, s’attarda près de son fauteuil, tourna encore un peu et commença à faire marche arrière.
Mais une goutte de tisane s’échappa de la tasse du libraire, tomba et éclata sur le sol.
Le libraire se figea.
Le libraire retint son souffle.
Elle se retourna lentement, et s’approcha peu à peu du libraire, jusqu’à n’être plus qu’à quelques centimètres de lui.
Le libraire avait cessé de respirer. La question lui tourna autour sans le voir et sans pouvoir l’atteindre.
Le libraire était comme une pierre.
La question abandonna et repartit comme elle était venue, en se glissant sous la porte.
Le libraire souffle enfin.
Il regagna son fauteuil et, soulagé, commença à boire sa tisane.
Les quelques fois où il n’avait pas été si habile et où la question s’était emparée de lui, le libraire avait passé de sombres moments.
Des heures, des journées et parfois des semaines, terrassé derrière son bureau.
Les livres faisaient tout pour l’aider, mais même les livres étaient impuissants face à la question et ne pouvaient qu’attendre qu’elle parte d’elle-même. …. »
p63
Un livre que plein de tendresse, d’amour, de poésie. On navigue entre plaisir, rire et réflexion. A lire, relire et offrir.
« Lorsque le libraire lisait un livre, il avait le sentiment d’être aimé. »
« Les livres, eux, avaient besoin des lectures du libraire pour continuer à vivre en lui. Alors le libraire continuait de lire. »