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Trungpa donne son avis ...

Tokyo, c'est loin de Tania De Montaigne

Avec ce roman, on a l'impression que Tania De Montaigne se livre dans le plus simple appareil, mais en fait non. Il semble très autobiographique mais c'est juste du talent. Le talent de nous emmener dans cette rupture vécu à Tokyo, ville illuminées, extraterrestre.
Pourquoi partir, pour être étranger. Tout par d'un constat :

Dans le monde, toutes les trois minutes, une femme est quittée, il y a trois minutes, c'était moi. Dans le monde, toutes les trois minutes, une femme est quittée, n'importe quelle femme, une belle, une moche, une pas gentille, une très sympa, une qui raconte mal les blagues, une Américaine avec des faux ongles, une coureuse de fond mexicaine, une vidéaste hongroise qui déclame des chansons réalistes habillée en poulet. N'importe quelle femme. Dans les films, quand une femme est quittée, elle entre dans une agence de voyages. Sans regarder la personne au guichet, elle dit donnez-moi un billet pour n'importe où, un aller sans retour. Et hop, elle part. Je ferai comme dans les films. Tokyo est évidemment le lieu parfait. Tokyo c'est loin, les gens y vivent vieux, mangent du riz et sont rarement diabétiques. Compte tenu de ce qui m'arrive, savoir que je ne finirai pas aveugle et amputée des deux jambes est une bonne nouvelle.

Un voyage dépaysant pour mieux se trouver. Des étapes vers la vie au milieu d'un humour sans cesse entretenu. Un vrai plaisir de lecture un vrai voyage. Une vrai réussite.
Ce que je sais, ne pas lire Tokyo c'est loin c'est louper un voyage littéraire inattendu et somptueux.

extrait
Au début, elle ne mettait rien, elle était nue, elle était Eve, encore, une feuille de vigne, un peu d'eau fraîche et hop. Et puis, vint le temps de la chaussette sur corps nu, mais une chaussette sur un corps nu c'est un peu bête, c'est pour ça qu'Eve se rhabille, par peur de la faute de goût. La femme quittée mettait des chaussettes, un pyjama et de la crème de nuit et, aujourd' hui, elle s'en veut. La clé est certainement à chercher de ce côté-là, la femme quittée a fait l'oignon à l'envers, elle s'est couverte un peu chaque jour. D'une couche à l'autre, elle est devenue polaire à force de chercher la chaleur. Si les bas de nuit existaient, les statistiques s'inverseraient.
Un voyage pour se retrouver, pour retrouver des racines, les racines de la fin (la mort de son père) et du début (une nouvelle vie). Cette fille qui travaille pour le dictionnaire nous emmène dans un monde de savoir et de connaissances, ce qu'elle sait des mots et ce qu 'elle sait de la vie.

extrait:
Avec du silence l'autre projette, le mutisme oblige celui d'en face à tendre l'oreille à son propre discours, il s'écoute et croit que c'est vous qui parlez, il vous trouve intelligent et drôle, il vous aime. Ou alors, il vous hait de lui donner à entendre son vide.

extrait:
«Etre étranger, c’est sourire et opiner du chef, c’est lire sur les lèvres, juste pour le plaisir de s’assurer que ça ne change strictement rien. Etre étranger, c’est être sous l’eau quand d’autres vous parlent à la surface, les sons pénètrent, mais pas le»

«Etre étranger, c'est être sous l'eau quand d'autres vous parlent à la surface, les sons pénètrent, mais pas le sens.»

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M
Wow, un revenant !Bon, j'avais bien aimé à l'époque et critiqué sur mon blog, donc je suis plutôt d'accord :)M.
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